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Jardins de Cobalt

10 mars 2013

Confession

Confession

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Je me souviens de ce soir-là - un soir d'hiver,

Et de ce ciel triste et blanc où ma nature morte

A voulu s'élever - lorsque tu as ouvert la porte,

Pour disparaître à jamais de la surface de la Terre.

 

Parce que l'on se perdait un peu plus chaque jour,

Tu as laissé le vent emporter nos âmes jumelles

Et brisé les chaînes qui emprisonnaient tes ailes

Avant que je ne les retienne pour toujours.

 

Je ressens ta présence dans le monde qui palpite,

Comme en moi que toi seul a su rendre docile

Lorsque je reniais à loisir mon existence futile :

Une sphère où, désormais, plus rien ne s'agite.

 

Je vis des heures paisibles, avec au fond du cœur

L'Amour qui me protège et qui porte ton nom

Au-delà de ma vanité et de tout espoir de renom,

Puisqu'avec toi, j'ai frôlé l'incarnation du bonheur.

 

Perpétuellement, la Lune capte la lumière du Soleil,

Une lueur captive que je devine dans tes yeux :

L'éternel reflet de tes fantasmes voluptueux

Sous les traits d'une muse à la beauté sans pareil.

 

Abandonne-moi si tu veux, aux affres de l'envie !

Je survivrai peut-être à l'âpreté de ce châtiment ;

Et si je sors de l'oubli pour un instant seulement,

J'oserai te le dire enfin : tu manques à ma vie.

 

coeur-emprisonne

barre-doree

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25 février 2013

La nuit, dans les catacombes

La nuit, dans les catacombes

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Je vais seule la nuit, dans les catacombes,

Mon cœur plus froid que le marbre des tombes,

Avec l'œil du Diable pour unique flambeau

Et hantée par le cri lugubre d'un corbeau.

 

Je laisse aux autres la poussière des rues,

(Les amoncellements d'espérances déçues)

Quand je m'isole dans ces abîmes profonds

Qui souffrent le déluge de pleurs inféconds.

 

Je fais mien le dédale humide de ce domaine

Où ne pénètre plus aucune âme humaine

Car le Soleil qui brillait pour moi en surface

Détourne de ma mémoire sa chaleur et sa face.

 

Mes fantômes se muent en oiseaux de malheur

Dans l'ombre et le silence de ma douleur ;

C'est ici-bas qu'ils font de moi leur Reine

Puisque l'Autre m'oublie en attisant ma peine.

 

Si j'ai usé son luxe dans les rouages de ma folie

J'en bois maintenant la coupe jusqu'à la lie ;

Depuis qu'avec orgueil il s'invite dans mes songes,

Son mépris a eu raison de mes mensonges.

 

Longtemps, j'ai cru nos âmes inséparables,

Cachant les clés qui nous rendraient introuvables ;

Car lui, je l'ai aimé ! - Mais cet amour donné

Se disperse lentement dans l'air empoisonné.

 

J'attends de lui un pardon qui ne vient pas

Tant il a fait de mon cœur un sinistre repas,

Jetant mon sang au hasard d'un vent contraire

Et mon souvenir au fin fond d'une terre polaire.

 

Invariablement, les nuits succèdent aux jours

Loin du Monde qui me blesse encore et toujours !

C'est là que je cherche dans cet espace clos

Le secret du bonheur avant l'éternel repos.

 

coeur-blesse

barre-doree

31 janvier 2013

Au Ciel, où je le retrouverai

Au Ciel, où je le retrouverai

carres-bleus

Hélas ! Bien que je l'appelai avec ardeur

Cherchant le remède qui tuerait ma douleur

Pendant ces longues journées sans repos,

La Mort ne m'a pas prise - Il est trop tôt !

 

Lors de ces heures où j'aimai sans relâche,

(Où j'aime encore, comme lorsque l'on s'attache)

Mes larmes n'ont pu retenir ses promesses

Alors qu'Elle m'effleurait de ses caresses.

 

Et, du funeste crépuscule à l'éclat de l'aurore,

J'ai broyé mon cœur que le chagrin dévore

Puisqu'à la fin il faut vivre, et pour toujours

Oublier l'amertume qui empoisonne les jours.

 

Hors des ténèbres qui ne veulent pas de moi,

Je survis, irrémédiablement ; C'est la loi !

La Mort m'oublie, pour un temps seulement,

Car l'Amour illumine tout - jusqu'au firmament.

 

Tandis que je me berce de souvenirs heureux

Comme l'onde frissonne d'accords mélodieux,

Je me nourris désormais d'espoirs étranges :

Nous retrouver au Ciel, bénis par les Anges.

 

femme-endormie

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25 janvier 2013

~Funeral Blues~ (Wystan Hugh AUDEN)

Funeral Blues

fleches-dorees

Arrêtez les pendules, coupez le téléphone,
Empêchez le chien d'aboyer pour l'os que je lui donne.
Faites taire les pianos, et sans roulements de tambours,
Sortez le cercueil avant la fin du jour.

Que les avions qui hurlent au dehors,
Dessinent dans le ciel ces trois mots, Il Est Mort.
Nouez des voiles noirs aux colonnes des édifices,
Gantez de noir les mains des agents de police.

Il était mon Nord, mon Sud, mon Est et mon Ouest,
Ma semaine de travail, mon dimanche de sieste,
Mon midi, mon minuit, ma parole, ma chanson.
Je croyais que l'amour jamais ne finirait, j'avais tort.

Que les étoiles se retirent, qu'on les balaye,
Démontez la lune et le soleil,
Videz l'océan, arrachez la forêt,
Car rien de bon ne peut advenir désormais.

fleches-dorees

Wystan Hugh AUDEN ~(1907-1973)~

 

femme-lune

trefles-dores

25 décembre 2012

Onirisme

Onirisme

arabesques-noires

La Lune, avec sa couronne de lumière,

Étend lascivement sa beauté particulière

Sur le monde saisi d'une torpeur hivernale,

Et répand sur toute chose, sa clarté virginale.

 

Dans la froideur de cette nuit solitaire,

Les souvenirs ont le réconfort d'un suaire,

Mais leur écho sonne comme un prélude

A l'épuisement d'une vie qui se dénude.

 

Et, l'hiver délaye ses journées inachevées

Dans les larmes de ses amours rêvées,

Quand les baisers s'offrent avec ardeur

Et reçoivent le prix de leur candeur.

 

Au ciel, où s'égrène un chapelet d'étoiles,

Les âmes s'élèvent, comme des voiles,

Osant pleurer ces amours épistolaires

Pour apaiser leurs douleurs séculaires.

 

Mais si la Lune éclaire de sa lumière

Les méandres de cette nouvelle ère,

Peut-être sera-t-il permis d'aimer

Lorsque l'espoir se laissera exhumer.

 

lever-de-lune

barre-arabesques-bleues

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13 décembre 2012

Hiver éternel

Hiver éternel

fleurs-argent

L'hiver allonge ses heures paisibles

Dans les abysses tourmentés du monde,

Où règne un Dieu ténébreux qui féconde

Des créatures visibles et invisibles.

 

J'erre parmi les corps de cette multitude

Et je songe, dans ma contemplation

A ce don précieux offert en consolation

Aux survivants accablés de lassitude.

 

Ces visions de nuées fantasmagoriques

Rappellent mes fièvres hallucinogènes

Quand jadis, je portais dans mes gènes

La longue hérédité de colères homériques.

 

Et je sens le retour d'un funeste présage :

Perle noire troublant mon désir de sagesse,

Comme souffle le vent d'une éternelle jeunesse

Dans la blanche immensité du paysage.

 

Mais si je reçois du Ciel un doux réconfort

Pour soulager les failles de mon cœur,

Je suivrai cette route qui mène au bonheur

Semblable à la paix infinie de la Mort.

 

cimetiere-neige2

barre-doree

4 décembre 2012

Un cœur rempli de roses

Un cœur rempli de roses

barre-roses-coeur-rouge

La nuit voile de son rideau de brume

La paix religieuse des tombeaux,

Tandis que l'ennui va et se consume

A la lueur phosphorescente des flambeaux.

 

Tandis que l'ennui va et se consume

Comme une étoile évanescente,

On dirait qu'une chape d'amertume

Brûle sous une flamme incandescente.

 

Cet heureux abandon reçoit en héritage

L'étrangeté d'un Amour sublime,

Pareil à la quiétude d'un ermitage

Lorsque la folie disparaît dans l'abîme.

 

Pareil à la quiétude d'un ermitage,

Son cœur est une prison pleine de roses

Qui murmure comme un doux présage

L'art d'aimer derrière les portes closes.

 

coeur-fleur-rose

barres-coeurs

26 novembre 2012

Roses de mai

Roses de mai

rose-rouge

Voici le temps des odeurs sublimes,

Sublimes et odorants parfums mélangés.

Voici le temps où l'espace démesuré

Du ciel, se confond, dans sa douceur

Bleutée, à la création naturelle et subtile.

La tige souple et onduleuse, à la délicate épine,

Sa jolie tête offerte et fière, aux pétales ouverts ;

Et son parfum enivrant, sa couleur pourpre

Au velours rare, piqué de blanc ;

Tout cela, quand je le prends dans mes mains,

Me fait oublier, presque ignorer,

Qu'à sa fatale et déchirante beauté,

Se mêle la douleur de ma peau écorchée ;

Par mon agaçante curiosité d'avoir voulu la respirer,

La voici cette rose, qui grandit dans mon cœur,

Pour t'aimer, et peut-être aussi...

 

Rose-pourpre-et-blanche

trefles-dores

18 novembre 2012

~Douceur du soir~ (Georges RODENBACH)

Douceur du soir !...

fleches-dorees

Douceur du soir ! Douceur de la chambre sans lampe !
Le crépuscule est doux comme une bonne mort
Et l'ombre lentement qui s'insinue et rampe
Se déroule en fumée au plafond. Tout s'endort.

Comme une bonne mort sourit le crépuscule
Et dans le miroir terne, en un geste d'adieu,
Il semble doucement que soi-même on recule,
Qu'on s'en aille plus pâle et qu'on y meure un peu.

Des tableaux appendus aux murs, dans la mémoire
Où sont les souvenirs en leurs cadres déteints,
Paysage de l'âme et paysages peints,
On croit sentir tomber comme une neige noire.

Douceur du soir ! Douceur qui fait qu'on s'habitue
A la sourdine, aux sons de viole assoupis ;
L'amant entend songer l'amante qui s'est tue
Et leurs yeux sont ensemble aux dessins du tapis.

Et langoureusement la clarté se retire ;
Douceur ! Ne plus se voir distincts ! N'être plus qu'un !
Silence ! deux senteurs en un même parfum :
Penser la même chose et ne pas se le dire.

fleches-dorees

Georges RODENBACH ~(1855-1898)~

 

croissant-de-lune

trefles-dores

12 novembre 2012

Quand les Anges pleurent

Quand les Anges pleurent

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L'air affaibli et lourd embrasse

Un ciel jaune, presque mort

Et enserre d'une cuirasse

Le Monde qui, alors, s'endort.

 

Le vent dérange une poussière

Abandonnée depuis longtemps,

Ajoutant une obscurité familière

Aux sombres colères du Temps.

 

Soudain, la ville entière s'immobilise

Quand retentit un bruit continuel,

Comme dans le chœur d'une église

Résonne un écho perpétuel.

 

Le tonnerre gronde, formidable

Surprenant le Monde émerveillé,

Et offre un spectacle remarquable

Au dormeur à présent réveillé.

 

Et la pluie verse, inlassablement

Un flot de larmes continues :

Les Anges, pleurant humblement

Leur trop-plein de douleurs contenues.

 

ange-pluie

trefles-dores

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