Raison hantée (Duo avec Yannig)
Raison hantée
Dominé -dans la nuit- par des pulsions étranges,
L'esprit hanté par la luxure et le blasphème
Travestit ses travers, par un vieux stratagème :
Faire passer les démons pour d'authentiques anges
Aguerri aux ouvraisons de bouches méthodiques
C'est, combinant les débris d'une vie à demi-remplie,
Qu'il transforme en sève cascadante et multiplie :
Les haleines nauséeuses et les baisers spasmodiques
Dissimulée sous le vernis d'une fausse pudeur,
Cette âme électrisée par des sourires mielleux
Assume, sans complexe, ses propos fielleux :
Revendiquer effrontément une fallacieuse candeur
Et, pervertie par le rythme effréné de sa nature,
Elle scande l'idée sublimée sous un ciel statique
Qu'une étrangeté se dévoile à son œil extatique :
La prodigieuse bestialité d'une aimable créature
Introspection
Introspection
Et lorsque la Mort s'exile, en partance pour d'autres rives,
Imperturbable, je marche sur les vestiges de ma vie d'avant
Débris ordinaires d'un siècle tranquille rendu éprouvant
Par des envies de bonheur transfigurées en peines vives.
Mais elle se souvient de moi, et de ses serres agressives
Arrache mon cœur dur et métallique, dévoré d'ambition
Dont seul un souvenir pourrait ressusciter une émotion
Dans les tréfonds sans chaleur de mes amours captives.
Voici qu'Elle me revient d'un océan de sordides ténèbres
S'accoupler à une forme de vie plus belle et plus grise :
Un labyrinthe fièrement dressé dans un univers qui s'enlise
D'où ne sort que la rumeur de froides oraisons funèbres.
Si je fus aimée autrefois, j'ai fait d'anciennes conquêtes
Un amas poussiéreux et ce phare bancal, de son œil unique
M'éblouit d'une Vérité audacieuse pour mon âme sceptique,
Qu'en-dessous se cache le prix de mes nouvelles quêtes.
Le saut de l'Ange
Le saut de l'Ange
Je veux, pour toi qui règne sur un éternel été
Te donner un Ange qui t'ornera de sa pureté
Je veux que sa beauté affranchisse ta mémoire
D'une existence martyrisée dans ton purgatoire
Il te fera, d'un linceul immaculé, un habit aérien
Et, de ses ailes graciles, à la blancheur virginale
T'emportera loin de ce monde où tu ne vois rien,
Ce qui a sombré dans la lente agonie hivernale.
J'erre parmi d'étranges silhouettes décolorées
Qui tombent à mes pieds dans un silence glacial
Expirant dans ma tombe décorée de roses givrées,
Âmes perdues gardées dans mon repaire sépulcral.
J'ai, pour soulager ma conscience, choisi de t'aimer
Sans fleurs ni couronnes, pour conjurer ma lâcheté
Et ma peur, herbes folles qu'il me faudra exhumer
Afin qu'elle soient sacrifiées sur l'autel de ma vanité.
Le voici cet Ange, pour exalter ta banale destinée
A l'abri des regards dans ta demeure illuminée.
Mais le regardant veiller sur l'univers des vivants
Tu le trompes pour l'anéantir, Lui et les survivants !
Eternity
Eternity
A l'heure où s'imaginent de vaines échappatoires
Hors des murs destructurés de ma conscience
Je transforme mes nuits en possibles exutoires
Avilissant mon âme de ma tranquille innocence.
A l'aube, tout se meurt en d'infernales convulsions
Et me ressuscite en adorable muse idyllique
Je déserte pour un temps ces inexpressives pulsions
Sans renoncer au ravissement d'une voix angélique.
Si les souvenirs dépérissent dans cette double vie
Ma mémoire fracturée idéalise un être de chair
Qui magnifie mes jours en préservant son envie
D'éterniser son vœu : rester libre comme l'air !
Alors je continue, inlassablement, ces jeux stériles
Pour tromper mon ennui et anesthésier mes douleurs
Ce qui transparaît d'illusoire dans ces plaisirs futiles
Me rend docile et clarifie mes yeux embués de pleurs.
Lorsque la nuit revient étendre son obscurité
Dans mes pensées confuses à l'invariable mélancolie
Je pense à Lui, parfaite incarnation de l'éternité
Et déleste mon cœur de ce passé, qu'enfin, j'oublie.
Désordre
Désordre
Il règne dans mon esprit désaxé une agitation
Dont nos murs garderont l'empreinte indélébile
Nos âmes s'agitent dans une profonde mutation
Perpétuelle et cyclique rendant notre vie immobile.
Cet amour désincarné, obscurci par le doute
Me faudra-t-il l'abjurer si je ne peux y prétendre ?
Cette pure tendresse que ma folie a dissoute
A ébranlé ma raison et ton affection la plus tendre.
Je connais l'éternité, je la vis chaque jour, immuable
Lorsque s'insinue goutte à goutte ce fluide toxique
Aux heures les plus tragiques de ma passion coupable
Tu annihiles ma volonté par ton charme magnétique.
Se parant de clairs-obscurs d'une singulière candeur
Ma nature imparfaite et inquiète inspire une mélancolie ;
Et toi, esthète accompli, tu en rejettes la laideur
Pour m'entourer avec grâce d'une faveur qui se multiplie.
Si je suis condamnée pour mes fautes et, à tort, exilée
Ma solitude me rend vulnérable et ma pensée se délite
C'est une ère de perfection dans une tombe scellée
Que tu conçois pour moi, désormais ton unique satellite.
Dolce Vita
Lorsque l'air embaumé de parfums envoûtants
Adoucit mon réveil de senteurs tièdes et légères,
Jasmin et violette composent des arômes entêtants
Pour enivrer mon esprit de voluptés éphémères.
Dans la moiteur paresseuse du matin, indolente
Je respire à loisir ces fleurs tendres et sucrées
Leur sève capiteuse distille une liqueur somnolente
Philtre hallucinogène aux essences poivrées.
Cette rosée odorante m'inspire tel un élixir
Et engendre d'ardentes rêveries énigmatiques
Il y a un charme caché au fond de mon désir
Flamme atténuée par de profonds narcotiques.
Un vif éclat éblouissant, soudain, me réveille
Cet astre, qui n'a rien de céleste, m'illumine
De sa royale beauté ; sa vue même émerveille
Le Soleil qui se pare d'une lueur opaline.
Mon âme encore assoupie se berce d'un appel
D'une limpidité cristalline, chant mélodieux
A l'harmonie parfaite suscitant un plaisir sensuel
Qui s'étend à l'infini jusqu'en nos cœurs radieux.
Lorsque l'air embaumé d'un parfum envoûtant
Adoucit mon réveil d'une senteur tiède et légère,
C'est toi que je sens en cet antre réconfortant
Dont ta présence a fait jaillir la pleine lumière.
Survivance
Survivance
Je n'ai plus entendu ton pas,
Ton souffle, je ne l'ai plus ressenti
Rien ne me soulage de ton trépas
Et de toi, ne reste qu'un univers anéanti.
J'ai jeté au loin ma peine, mes douleurs
Et je les enfouies, recouvertes de cendre ;
De mon lointain domaine, j'ai pleuré des fleurs
Pour qu'Elle accepte de te rendre.
~
Dans ta sombre demeure inaccessible
Où tu reposes pâle, éternellement esseulée
Mes appels sont sans écho et toi, impassible
Tu restes absente, sans pitié pour mon âme voilée.
Alors je t'attends, silencieuse et patiente
Essayant d'effleurer ton être immatériel
Ton salut s'éternise, ta félicité latente,
Mais les Anges te feront don du Ciel.
Sur ma plaine... des fleurs
Sur ma plaine... des fleurs
Là, sur ma plaine, se meurent par centaines de tristes fleurs,
Roses épineuses qui s'asphyxient dans mon âme désolée
Et combien elle se traîne et s'étire dans sa forteresse exilée
Cette lourde chape qui m'écrase et m'endeuille de ses pleurs.
Désormais, sur mes matins, se lèvent des lueurs aux pâleurs
Nébuleuses et froides ; aubes blafardes me réveillant esseulée.
Le soleil se voile, les étoiles s'éteignent, et me laissent mutilée
J'ignore comment vivre, maintenant qu'il n'y a plus de couleurs.
Mon martyre prendra-t-il fin, hors de ces serres qui m'abîment
Et où disparaître si je dois fuir ces sentiments qui m'animent ?
Mon cœur tremble et agonise sous les blessures de ses lésions.
En proie à mes tourments, à de sombres fureurs latentes
Je n'entends plus ces furieux orages me bercer d'illusions
Dont je ressens la douleur lors de ces trop longues attentes.
Transparences
Transparences
Regarde ce beau chœur d’enfants chéris et bénis
Écoute leurs voix ultimes et éclatantes, vibrantes
Qui s’envolent dans les cieux en mélopées riantes
Elles répandent leurs messages de bonheurs infinis.
Je les emporte avec moi là où je vais, à jamais réunis
Anges glorifiés par la grâce de leurs âmes aimantes
A travers leurs transparences, j’aperçois bien vivantes
Leurs bontés célestes immortelles, purs esprits unis.
J’ai bu dans leur calice un doux nectar d’éternité volée
Qui m’aide à quitter cette courte vie qui s’était étiolée
Je m’évapore dans l’éther en brume légère désormais.
Pour adoucir ton sommeil troublé, une étoile souveraine
Déverse sur toi des larmes d’or et de perles : je t’aimais !
Tu restes libre mais seul, recherchant ma terre lointaine.