Lune noire
Lune noire
Vient la nuit, dans sa langueur obscure et douteuse
Superbe, faite pour me plaire, aveugle et feutrée ;
Sa veilleuse éteinte, elle croît nonchalante, à mesure
Que s’éveille mon désir dans ces ténèbres assoupies.
Mes soupirs expirent, lascifs trahissant mes envies
Dont tu sens les caresses troubler ton cœur pur ;
Lorsque tu oses me retenir près de toi, cloîtrée
S’attise une flamme qui libère mon âme amoureuse.
En cette heure ardente et sublime, je suis heureuse !
Quelle éternité a-t-il fallu pour faire de moi ton adorée ?
Alors que je m’apaise au son de ta voix rassurante et sure
Je rêve et espère me délivrer de mes blessures enfouies…
Mais à travers ta lumière, j’aperçois à peine tes lubies
Qui m’envahissent lentement et entament mes fêlures ;
Mon corps tremble de cette existence enviée et adulée
Mais tu en contemples la lente agonie douloureuse.
C’est là, l’instant où je m’éteins telle cette belle enjôleuse
Qui déploie pour moi de sombres tentures, draperies glacées
Tournant violemment autour de mon être à la triste parure ;
Sous mes paupières closes et paisibles tu me crois endormie.
Tu viens pour me retenir et puiser ce qu’il me reste de vie :
Une liqueur verte et létale qui me fige dans ma sépulture ;
Ton amour reste intact et les fleurs parfumées et dorées
Dans mon jardin oublié où je vis éternelle et heureuse.